la mâchoire qui se serre et les poings qui se referment, tu laisse brutalement tomber ton téléphone sur le comptoir de la cuisine. jamais t'aurais pensé que la journée allait commencer comme ça. sur une embrouille, une prise de tête. et encore moins avec une personne qui compte pour toi. may, t'avais pas l'habitude d'être en de mauvais termes avec elle. c'était bien la première fois que vous vous preniez la tête d'ailleurs. jamais t'aurais pensé qu'elle allait t'envoyer chier alors que tu lui demandais juste de faire attention à elle. et puis quand c'est parti en vrille, pour une fois, t'as pas fermé ta bouche. mais ça aurait été préférable. parce que comme d'habitude, t'as tout gâché. t'as enfoncé le couteau dans la plaie. mais elle, elle a rouvert certaines de tes cicatrices. vous aviez joués aux cons tous les deux, et tu commençais déjà à t'en mordre les doigts. mais il était hors de question que tu lui renvoie un message. pas après cinq minutes. pas après ce qu'elle avait osé te dire. tu te laissais retomber sur le canapé. les joues chaudes et rouges, tu sentais la culpabilité te ronger petit à petit. bon dieu, qu'est-ce que t'es con clyde que tu te répétais. affalé, t'avais pas le courage de te relever alors que la sonnette venait de retentir. tu maudissais intérieurement cette personne qui osait venir t'emmerder alors que clairement, c'était pas le moment. t'aurais aimé ouvrir la porte et l'envoyer chier, qui que ce soit. mais quand t'es tombé face à may, t'as été refroidis. « j'peux savoir ce que tu viens faire ici ? ». t'en avais presque oublié la politesse. « j'croyais que j'devais te lâcher ? te laisser avancer ? ». t'étais froid. tes paroles étaient crues. tu lui en voulais, c'était terrible. tu voulais même pas lui proposer d'entrer. si elle voulait parler, régler les choses, tant pis. ça allait se passer sur le pas de ta porte. et tu t'en foutais des voisins trop curieux qui étaient susceptibles de débarquer si jamais vous veniez à monter dans les tons. t'en avais rien à faire. tu savais même pas pourquoi elle avait osé se pointer chez toi. mais t'aurais aimé qu'elle soit pas là, à vrai dire.

le destin t'avais déjà mis de nombreuses fois dans la merde. c'était pas rare que t'ai des problèmes, que ton moral parte en vrille et que tu te rebelles. et fallait que ça arrive aujourd'hui, cette rébellion occasionnelle. fallait que ça tombe sur may et que ça foute un bordel pas possible entre vous. tout ça à cause d'une réflexion que t'aurais mieux fait de garder pour toi. mais t'avais préféré dire ce que tu pensais, et malheureusement certaines personnes n'aimaient pas trop qu'on donne notre avis sur une chose qui ne nous regarde pas. c'était le cas de may, elle avait pas accepté que tu lui dises de faire attention. que tu la mettes en garde par rapport à ce type dont elle était soit disant tombée amoureuse. un type plus vieux, qu'elle ne connait que depuis peu. c'est pas que ça t'avais mis en rogne de l'apprendre, mais t'avais peur qu'il la brise, may. elle qui s'était jurée de ne plus se laisser avoir par la gent masculine. t'avais peur qu'il lui tourne la tête, qu'il la manipule. qu'il lui fasse tout perdre et qu'il l'envoie chier après. alors tu l'as mise en garde par rapport à ça. mais elle s'en est foutu. royalement. elle t'as envoyé chier comme si elle s'était déjà lassée de toi. et ça a lancé la machine. ça a réveillé ta colère jusqu'à ce qu'elle te brise par ses mots. elle avait remis sur le tapis tes tentatives de suicide. elle avait rouvert les plaies indirectement. ces plaies qui n'étaient qu'à peine en train de cicatriser. que t'essayais de dissimuler. mais non, elle n'a pas voulu passer outre ce sujet et te l'a lancé en plein dans les dents. et quand t'as ouvert la porte de chez toi et que t'es tombé nez à nez avec la brune, ton cœur a raté un battement. tu pensais pas qu'elle viendrait maintenant. pas aussi vite. pas du tout, en fait. et t'aurais préféré qu'elle ne soit pas venue, mais c'était trop tard. elle croisait ses bras sur sa poitrine, elle te faisait face. tu lui parlais froidement, t'essayais de lui faire comprendre que t'avais rien à lui dire. que t'avais pas envie de parler. mais elle était déterminée et il allait falloir que tu fasses avec. « je t'ai jamais donné de directive. je t'ai jamais dis comment vivre, may. j'ai juste essayé de te mettre en garde. j'ai juste besoin que tu fasses attention à toi, c'est aussi compliqué que ça à comprendre ? ». à nouveau ta mâchoire se serait alors que ton regard se perdait dans le sien. t'aurais aimé faire demi-tour et claquer la porte derrière toi. t'aurais aimé disparaître, ne pas être plongé dans cette situation. t'avais un don pour toujours te retrouver dans des histoires sans queue ni tête, alors que d'habitude c'était pas ton genre de te prendre la tête. « mais qu'est-ce que j'ai fais de mal, putain ? je me fous de tout mais pas de toi. »

habituellement, t'étais pas du genre à répondre. t'étais pas du genre à te soucier des affaires des autres. tu te contentais de les féliciter, de leur dire que t'étais heureux pour eux. tu faisais preuve de fausse empathie et tu faisais mine d'être là pour eux. tu les soutenait, riait ou pleurait un moment avec eux et la vie continuait. elle reprenait son cours normal. mais ce que t'as dis may à propos de ce type, t'as pas réussi à l'avaler. t'as pas réussi à faire preuve d'une fausse politesse. t'aurais très bien pu ne pas lui répondre. lâcher l'affaire et passer outre tout ça parce que dans tous les cas, may, c'est censé être juste une amie. c'est censé être juste la meilleure amie de harriett, rien de plus. t'étais pas censé t'attacher autant à elle mais les années t'ont poussé à le faire. ça a été plus fort que toi et t'as du mal à regretter ça, parce qu'elle a toujours été là pour toi. c'était un peu un membre à part entière de votre fratrie, même si dans le fond tu savais pas ce à quoi rimait votre amitié. si c'était juste de l'amitié avec un brin de folie qui vous emportait bien souvent, ou si c'était tout autre chose. quelque chose de plus compliqué, de plus ambiguë. t'avais jamais osé lui poser la question et peut-être que tu ne la lui poserait jamais. juste pour éviter de tout gâcher comme t'as pu le faire aujourd'hui en quelques messages seulement. tu sentais ton cœur battre dans ta poitrine, ton pouls s'affolait. fallait que tu calcules à chaque fois ce que t'allais dire, par peur de la blesser. tu voulais pas empirer les choses, c'était déjà pas supportable comme ça, que vous soyez en froid. « je sais, j'suis pas ton père pour te dire quoi faire. mais j'ai peur pour toi may, et j'estime quand même que c'est normal. j'ai pas envie que tu tombes une nouvelle fois sans pouvoir réussir à te relever. ». tu soupirais un bon coup, légèrement agacé par la situation. tout ça n'avait aucun putain de sens et tu savais pas vraiment à quoi cette discussion allait vous mener. t'espérais juste qu'elle mette fin à tout ça; à cette prise de tête qui n'avait pas lieu d'être. tu restais stoïque face à elle. t'étais complètement de marbre, tu laissais rien paraître toi non plus. vous aviez décidé de jouer tous les deux la carte du "quoi que tu dises, je serais pas touché", et c'était un jeu idiot auquel vous vous étiez mis à jouer justement. « j'ai pas pensé un mot de ce que je t'ai dis au téléphone. may, si j'suis attaché à toi c'est pas pour ton argent ni même pour l'image que tu veux renvoyer. j'suis attaché à toi parce que t'as toujours été là pour moi. parce que derrière les apparences, t'es une fille formidable et sans artifices... je.. j'sais pas quoi te dire mais sort toi ça de la tête. j'regrette ce que je t'ai dis par messages. ». tu détournais toi aussi le regard pour couper tout contact avec elle. t'avais peut-être balancé un peu trop de choses par rapport à ce que tu ressentais. c'était préférable que tu te taises maintenant. c'était mieux pour toi. pour elle. pour vous, tout simplement. « j'suis désolé. ».

plus tu te tenais face à elle et plus t'aurais aimé que cette querelle entre vous n'ai jamais eu lieu. tu te retenais d'éclater en sanglots, de perdre tout self-control face à elle alors que dans le fond, la situation t'affectais vraiment. tu pouvais pas accepter de la perdre sur un coup de tête. surtout pour quelque chose d'aussi bête. tu sais pas ce qui t'avais le plus fait mal dans cette histoire; le fait que ce soit avec elle que tu te prennes la tête ou le fait qu'elle ai mentionné les problèmes que t'as pu avoir pendant le passé. pendant votre discussion tu pouvais pas t'empêcher d'y penser, de baisser le regard et de jeter un coup d’œil sur tes poignets que t'avais un bon nombre de fois décidé de tailler. t'aurais tout donné pour tout effacer, pour que vous puissiez faire comme si de rien était. mais le mal était fait dans tous les cas. et plus la discussion avançait, plus tu regrettais ce que t'avais pu lui envoyer. « j'veux justement m'assurer que les gens que j'aime n'aient pas de problèmes. j'ai fait suffisamment de conneries déjà et je pense pas que j'serais capable de perdre l'un ou l'une d'entre vous. alors si, j'ai besoin de me soucier de toi, c'est plus fort que moi. ». tu sens comme un choc quand elle repose ses prunelles dans les tiennes. t'as presque envie de sourire en redécouvrant la beauté de ses yeux, mais tu te retiens. tu t'es contenté de déballer tout ce qui te passait par la tête et une partie des choses que tu ressentais à son égard. tu ressens plus aucune rancœur à son égard, tu peux pas lui tenir tête plus que cinq minutes. t'attrapes son menton à l'aide de son index pour lui relever le visage alors qu'elle s'excuse. « t'as pas à t'excuser may, on a tout les deux dis des trucs qu'on pensait pas une seconde. c'est sorti tout seul, ça arrive. ». t'as à peine le temps de finir ta phrase qu'elle se rapproche de toi et te prends dans ses bras. et tu peux pas te permettre de la repousser alors que t'espérais ce geste depuis quelques minutes déjà. tu refermes tes bras sur son corps pour la garder contre toi quelques instants encore, et tu fermes les yeux. juste pour profiter. pour que vous puissiez oublier, pour que vous passiez l'éponge. « toi aussi tu l'es, may... », tu lui murmures dans un souffle en te contentant de rester contre elle dans un moment d'égarement. c'était comme si le temps s'était figé autour de vous.

tu sais pas trop ce qui vous était passé par la tête pour en arriver là. vous vous étiez chamaillez comme de vulgaires gamins, comme si vous étiez des collégiens qui cherchent à se défendre pendant une embrouille qui n'a même pas lieu d'être. habituellement, t'avais du mal à tenir tête aux personnes qui t'entourent mais cette fois, c'était venu comme une pulsion. t'avais ajouté ton grain de sel alors que t'aurais mieux fait de te la fermer. on te connaissait pas tant que ça impulsif sur les bords, mais parfois ça partait tout seul. parfois, tu pouvais pas te contrôler. parfois, t'avais déjà accumulé tellement de choses qu'un petit détail pouvait être la goutte d'eau qui fait déborder le vase. vous vous faisiez face depuis un moment maintenant, sans trop savoir quoi dire. vous étiez vachement maladroit dans votre façon de parler. comme si vous aviez pris conscience que tout ça, ça allait mener à rien. que cette conversation n'avait elle non plus servi à rien. tu croisais tes bras sur ton torse quand tu sentais ses yeux se poser sur tes poignets. t'étais pas assez fort mentalement pour te rappeler ces sombres expériences. tu voulais pas non plus qu'elle commence à s'excuser ou à faire preuve de compassion. trop de gens l'avaient déjà faussement fait et tu voulais pas mettre may dans le même panier. elle te forçait à décroiser les bras lorsqu'elle s’avança contre toi. c'est comme si t'avais toujours eu besoin de cette étreinte, de la serrer contre toi. ton pouls s’accélérait, tu le sentais battre contre ta poitrine. et tu sentais son cœur répondre aux battements du tien. t'étais pris d'un sentiment étrange mais tu préférais ne rien ajouter. te taire était forcément la meilleure des solutions. « j'ai juste envie d'éviter que tu tombes une seconde fois... ». tu te crispais légèrement quand elle mentionnait miles. tu te souvenais du mal qu'il lui avait fait et à quel point cette relation l'avait détruite. tu te souviens avoir voulu lui casser la gueule, à ce miles. mais ne pas l'avoir fait parce qu'elle voulait éviter de te faire avoir des problèmes. tu soulevais rien à ce sujet, tu voulais pas rouvrir à ton tour des plaies qu'elle avait eu du mal à soigner à l'époque. tu baissais ton regard vers elle alors qu'elle mettait fin à votre étreinte, en posant ses mains sur ton torse. ton regard croisa le sien et y resta accroché pendant un moment. « c'est déjà oublié, t'en fais pas... moi non plus j'aime pas ça. », tu lui répondais avec un léger sourire en coin. t'avais déjà passé l'éponge sur toute cette histoire, t'avais déjà tout oublié. c'était qu'un détail parmi tant d'autres et tu savais très bien que toi comme elle, vous n'aviez pas le temps pour ce genre d'histoires à la con. « tu veux rentrer boire quelque chose ou tu veux déjà filer ? ». tu lui posais la question en gardant ton regard posé dans le sien. s'il fallait oublier tout ça, autant repartir sur de bonnes bases.