il a passé l'après midi à cuisiner, prit d'une frénésie de gourmandise et d'audace. une passion qui ne sert à rien dans le monde des affaires mais qui lui permet de voyager d'un seul coup de fourchette. un passe temps qui l'occupe lorsque son entreprise ne lui prend pas la totalité de ses heures. la boite tourne seule aujourd'hui, c'est repos pour le brun qui s'agite dans toute sa cuisine. tout sera bientôt prêt. il n'aura plus qu'à emballer le tout dans divers boites afin de garder la chaleur, et faire la route jusqu'à chez elle. elle, Kat. on lui avait pourtant dit que ce serait une mauvaise idée de la fréquenter, la mère de son enfant. il aurait même fallut qu'il ne la revoie plus avant la naissance, avant le passage du témoin. un contrat signé avant l'insémination avait retiré à la femme tout droit sur l'enfant à naitre. un autre l'avait tenu au silence quant à la nature de la transaction réalisée. un tas de règles sensée l'éloigner pour toujours de Kit et de la famille qu'il veut fonder. mais il n'a pas pu s'empêcher de la revoir, encore et encore. il n'arrive même pas à savoir pourquoi, le brun. par ennui peut-être, ou par curiosité pour celle qui porte son enfant. ou alors, c'est le sourire gêné, presque effacé, qu'elle fait lorsqu'il se met à imaginer la vie de son futur fils, de sa future fille. il ne sait toujours pas, elle n'a pas voulu lui dire. comme pour rendre irréel ce truc qui pousse en elle et qu'elle va perdre. c'est Kit qui va tout garder. Kit qui va rafler la mise. c'est toujours l'homme que l'on récompense. Kit, il est impatient. et inquiet. il a peur que plus rien n'aille comme il faut une fois le bambin arrivé. que l'enfant soit en mauvaise santé, que la mère ne veuille plus le lâcher, qu'il n'y arrive simplement pas. l'échec est la pire de toutes ses peurs. elle lui transperce la chair et lui brise les os. ça l'étouffe, ces conneries. il a toujours été inquiet pour tout, Kit. même là, alors que le soleil de printemps rayonne et que l'odeur douce de tomate empli la cuisine, il s'inquiète. il n'est même pas sur que Kat apprécie ce qu'il fait. un poulet à la française, avec des légumes et du riz. un truc qu'il a apprit là bas, accompagné d'une amante de passage. un regard oublié pour des nuits perdues. si il a toujours aimé les femmes, il n'en a jamais rien gagné. peut-être que c'est pour cela que Kat le fascine tant. elle est là seule à ne pas essayer de se faire bien voir pour lui. c'est face à cette réflexion qu'il expire, la dernière boite se fermant sur une sauce légèrement épicée. il ne lui faut pas bien longtemps pour partir, pour arriver jusqu'à chez elle. comme si la voir lui donnait des ailes. stupide.  il sait qu'elle ne travaille pas, il a vérifié. pourtant, c'est nerveux qu'il frappe à la porte. elle est peut-être accompagnée. peut-être occupée. peut-être absente. peut-être avec un autre. c'est en tout cas elle qui ouvre alors que Kit se remet les idées en place. il s'en fou, si il y a quelqu'un d'autre. une fois l'enfant né, elle disparaitra de sa vie. pensée qui lui pince le coeur alors qu'il lui fait un grand sourire, les plats tendus vers elle. "Hey, j'espère que tu as faim parce que je me suis lâché sur les doses de riz." et il rentre, sans attendre. c'est son truc, ça. foncer. @astrée